Démarche MOSIS

La SOGED, Société d’exploitation et de gestion de Diama, fait face à de nombreux défis autour de la gestion de l’eau du fleuve et l’approvisionnement des usagers : facturation, recouvrement, suivi des cultures, suivi des surfaces en eau, suivi de l’évolution des plantes envahissantes, etc. Le premier défi opérationnel à relever a donc été le renforcement des mécanismes de gestion et de suivi de la facturation et du recouvrement de la redevance liée à l’irrigation à la SOGED. Cela sous-entend des défis techniques tels que la capacité à suivre les usages et notamment la riziculture irriguée. Dans ce contexte, les images satellitaires représentent une source de données pertinente et peu couteuse pour observer, évaluer et suivre les changements du territoire à la fois historiquement et en temps réel et ainsi aider à sa gestion. Les missions satellites Sentinel, SMOS ou bientôt SWOT fournissent fréquemment des données spatiales à haute résolution, à grande échelle, et de façon durable (plus de 15 ans) servant à un large éventail d’applications existantes et à créer.

L’ambition de ce projet de coopération a donc été d’accompagner la SOGED afin de construire un système d’information et d’aide à la décision orienté vers la gestion des ressources en eau, qui s’appuierait sur des données satellitaires, tout en combinant les mesures de suivi traditionnel afin d’améliorer le recouvrement de la redevance liée à l’irrigation. C’est dans ce contexte, avec l’implication dynamique et économique de l’agence de l’eau Adour-Garonne que le projet MOSIS (MOnitoring and Survey of Irrigated Systems) a vu le jour en 2017.

D’une surface de plus de 340 000 km2, le bassin versant du fleuve s’étend sur des écosystèmes très variés, conditionnés en parti par les quatre grandes zones climatiques qu’ils traversent (guinéenne, soudanienne, sahélienne et saharienne) avec un gradient de précipitation important (150 mm/an au nord jusqu’à plus de 1650 mm/an au sud). Une évolution graduelle des écosystèmes est ainsi observée de l’amont vers l’aval du fleuve, de la forêt dense, à la savane arborée ou arbustive jusqu’à la steppe et aux zones désertiques de la partie mauritanienne du bassin versant. Durant les 30 dernières années, la pluviométrie a fortement baissé (35% environ) et un contexte de sécheresse récurrente s’est progressivement mis en place. Le régime du fleuve Sénégal est très irrégulier (9 m3 s-1 (mai) VERS débits moyens mensuels VERS 3320 m3 s-1 (septembre)) et dépend quasi entièrement des phénomènes de mousson. La saison des hautes eaux culmine fin août ou début septembre et s’achève en général courant octobre. Ensuite le débit décroît rapidement pour devenir quasiment nul à l’étiage, en février ou en mars. La vallée du fleuve Sénégal représente donc une source régionale d’eau de surface aux enjeux primordiaux, et ce surtout dans un contexte de changement climatique : adduction d’eau potable, autosuffisance alimentaire (agriculture, élevage et pêche) et équilibre des écosystèmes.
Le secteur primaire (agriculture, élevage et pêche) s’appuie principalement sur les ressources en eau du fleuve Sénégal. La contribution du secteur primaire au PIB des quatre pays limitrophes au fleuve est souvent supérieure à 10% et fait vivre la quasi-totalité de la population rurale du bassin du fleuve Sénégal, sans pour autant réussir à assurer leur autosuffisance alimentaire (SDAGE, 2009). Le fleuve Sénégal permet potentiellement l’irrigation d’environ 248 000 ha (SDAGE, 2009). Plus de 5200 exploitations agricoles ont été recensés en 2015 par la SOGED dans le delta et la basse vallée, avec près de 50% de ces exploitations qui ont une superficie supérieure à 5 ha (Figure 2). En hivernage (juillet- décembre) et en contre saison chaude (février-juin), la principale culture demeure le riz. Par contre, en saison sèche froide (décembre-février), les spéculations suivantes se développent : oignon, tomate, gombo, patate, maïs, sorgho, pastèque, arachide.